La semaine de travail de 4 jours peut être un atout pour renforcer l'attractivité de l'entreprise et la fidélisation des employés. Ce concept, qui n'est pas nouveau, peut permettre aux entreprises d'apporter des réponses aux attentes croissantes des employés en matière d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. À l’international, les premières expérimentations remontent à 2015, et il faut savoir qu'en France, dès 1996 et avant l’instauration des 35 heures, la loi Robien créait des contrats de 32 heures sous certaines conditions. En pratique la semaine de 4 jours est multiforme : 4 jours travaillés sur 5, 1 semaine libre toutes les 5 semaines, 1 week-end de 4 jours toutes les 2 semaines…
L’Islande a été précurseur de la semaine de 4 jours. De 2015 à 2019, 2 500 Islandais travaillant dans le secteur public ont, en effet, poursuivi leur activité professionnelle sur 35 heures réparties sur 4 jours avec le même salaire. Ce test à grande échelle a montré de nombreux bienfaits : plus de productivité, de bien-être au travail et un meilleur équilibre vie privée - vie professionnelle. Ce succès a ensuite inspiré nos voisins européens.
Au Royaume-Uni
Depuis le 1er juin 2022, 70 entreprises britanniques testent pour 6 mois la semaine de 4 jours à travers une réduction du temps de travail sans perte de salaire. Au bout de 3 mois d’expérimentation, 88 % d’entre elles se disent satisfaites de ce nouveau rythme de travail et 86 % envisagent de le pérenniser, selon une enquête. Les premiers résultats soulignent une augmentation du bien-être des employés sans impact néfaste sur la productivité. Toutefois, la mise en place de ce format de travail nécessite souvent une adaptation de la culture d’entreprise et fait parfois émerger des difficultés d’organisation au moment des départs en vacances, témoignent des entreprises volontaires.
En Espagne
L’Espagne teste ce format de travail à plus grande échelle dans 150 entreprises volontaires. Les salariés concernés travaillent 32 heures hebdomadaires payées 40. Les pouvoirs publics ont prévu un budget de 50 millions d’euros pour compenser les heures non travaillées et compareront en 2025 les résultats de ces entreprises avec celles qui ont conservé 40 heures de temps de travail hebdomadaire.
En Belgique
Autre format, la Belgique va proposer la semaine de 4 jours contre des journées de travail plus longues. Pour les salariés volontaires, le temps de travail quotidien dépassera 8 heures pour atteindre 9h30. Ils pourront ainsi demander à leur entreprise de travailler plus longtemps durant une semaine afin d’alléger leur charge de travail la semaine suivante. Sous quelles conditions ? Avoir l’accord de leurs supérieurs et ne pas compromettre l’organisation de l’entreprise.
Avec sa durée hebdomadaire légale de 35 heures, la France est-elle une bonne candidate à la semaine de 4 jours ?
Le concept séduit...
Plus de 6 Français sur 10 sont prêts à aller plus loin que les 35 heures avec la semaine de 4 jours, selon une étude. Près d'un salarié sur trois accepterait aussi une baisse de salaire en échange d’une semaine plus courte. Passer de 5 à 4 jours de travail est une formule qui séduit particulièrement les parents, les femmes et les 25 - 44 ans. Leur leitmotiv ? Travailler autrement pour vivre mieux avec notamment plus de flexibilité dans l’organisation de leur temps, un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, moins de transports…
Toujours selon l’étude de Workforce View menée en 2021, seules 5 % des entreprises françaises avaient adopté la semaine de 4 jours. Parmi elles, l’énergéticien Elmy vient de rejoindre les rares entreprises qui l’ont mise en place sans réduction de salaire. Depuis le 1er septembre 2022, ses 100 salariés ne travaillent plus que 4 jours par semaine payés 39 heures à raison de 32 heures hebdomadaires. Pour leur jour de repos, les salariés ont le choix entre le mercredi et le vendredi. Expérimentée chez Elmy jusqu’en mars 2023, la semaine de 4 jours s’accompagne de formations sur la priorisation des tâches, mais aussi d’études qualitatives sur la charge de travail et le stress.
Mais connaît aussi ses limites
Si elle semble répondre aux aspirations des salariés, la semaine de 4 jours peut en pratique comporter des inconvénients. Sa mise en place n’implique pas forcément une réduction du temps de travail et elle se traduit alors par des journées plus longues comme en Belgique. Elle peut aussi s’accompagner d’une baisse de salaire comme au sein de l’entreprise espagnole Desigual, dont les employés l’ont adoptée contre une baisse de salaire de plus de 6 %. La semaine de 4 jours nécessite des changements d’organisation qui peuvent, par ailleurs, être difficiles à déployer selon les équipes et les secteurs d’activité.
L'avis d'Emmanuelle Charrier, Directrice consulting & talent management À l’heure où ceux-ci expriment de façon toujours plus marquée leurs attentes personnelles en matière d’équilibre vie privée / vie professionnelle, d’engagement dans la vie associative, ou encore tout simplement de temps pour soi ou sa famille, la semaine de 4 jours permet de compléter des dispositifs tels que le télétravail ou le « work from anywhere », au service de l’individualisation de l’organisation du travail. L’enjeu, pour les recruteurs comme pour les managers : Prendre en compte de façon ajustable dans le temps les besoins individuels de chaque talent (aidants, jeunes parents, sportifs passionnés, engagés associatifs, etc.), en s’adaptant aux « moments clés » de la vie de chacun. |