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5 idées reçues sur les candidats et salariés dyslexiques

Talent Solutions et l’association Made by Dyslexia œuvrent de concert pour faire émerger le sujet de la dyslexie en entreprise et aider les employeurs à reconnaître, valoriser et attirer des professionnels dyslexiques dans leur processus de recrutement. L’étude « La pensée dyslexique » qui en résulte, la plus complète réalisée à ce jour, entend démontrer en quoi les personnes atteintes de dyslexie peuvent ainsi représenter une solution à la pénurie des talents actuelle. Mais qu’est-ce qui définit une personne dyslexique ? Quelles sont les compétences qui lui font défaut ? Quelles missions lui confier ? Attention, les idées préconçues sont monnaie courante sur ce sujet.

 

Idée reçue 1 - La dyslexie est un trouble de l’écriture

 

VRAI ET FAUX

La dyslexie est d’abord un trouble de l'apprentissage et de la capacité de traitement de l’information, ce qui peut modifier la capacité à retenir, à comprendre, à récupérer ou à communiquer une information. Il se traduit par un trouble du langage écrit au sens large, c’est-à-dire de compréhension de lecture pouvant se répercuter sur la retranscription écrite. C’est donc plus un problème d'identification des mots écrits, même s’il peut être associé à des problèmes de compréhension. La dysorthographie n’est, par conséquent, qu’un trouble associé, même s’il est assez fréquemment rencontré et en est la conséquence la plus visible.

 

Il existe 3 sous-types de dyslexie. Les connaître permet d’adapter son mode de fonctionnement et son environnement de travail :

  • Phonologique : désigne un problème d’association entre un son et une lettre (ou syllabe). Lire ou épeler des mots nouveaux devient très complexe.
  • De surface ou superficiellle : lorsque les mots ne sont pas appréhendés dans leur globalité mais comme un ensemble de lettres séparées. L’orthographe est alors un vrai challenge, tout comme l’identification de mots qui se ressemblent.
  • Mixte : comme son nom l’indique, c’est un mélange des deux précédents, à la fois phonétique et visuel.

 

Idée reçue 2 - La dyslexie est une maladie rare

 

FAUX ET MEME DOUBLEMENT FAUX

L’étude nous apprend qu’une personne sur cinq "souffre" de dyslexie. Et encore faut-il qu’elle soit diagnostiquée.

Par ailleurs, il s’agit d’une affirmation doublement fausse car la dyslexie n’est pas considérée comme une maladie, mais comme un handicap invisible. Pour rappel, ce dernier définit toute situation ayant pour conséquence l’incapacité de remplir sa mission. Cela concerne donc les maladies invalidantes qu’elles soient moteurs ou sensorielles (paralysie, surdité...,) des gènes chroniques tels que le mal de dos ou la fameuse “maladie des secrétaires” (syndrome du canal carpien) mais également psychiques ou cognitives telles que la schizophrénie, la dépression… ou la dyslexie. Pour rappel, un salarié sur deux sera touché par un handicap invisible au cours de sa carrière.

 

Idée reçue 3 - Un salarié dyslexique ne peut pas avoir les mêmes missions qu’un salarié non dyslexique



VRAI

Qu’elles en soient conscientes ou non dès l’enfance, la plupart des personnes dyslexiques ont appris à s’adapter. Cela demande cependant une organisation ou une attention particulière, propre à chacun. Une personne dyslexique doit trouver des méthodes qui lui conviennent pour mener à bien une mission. Par exemple, dans le cadre d’un envoi de mail : laisser reposer ou imprimer le document pour pouvoir en vérifier l’orthographe et le sens…

Les personnes dyslexiques rencontrent des difficultés lorsqu’elles se retrouvent confrontées à de nouvelles situations, pour lesquelles elles ne peuvent utiliser les méthodes habituelles. C’est le cas dans un nouvel environnement de travail ou lors d’un entretien de recrutement. Afin de ne pas passer à côté d’un talent atteint de dyslexie, de nombreux recruteurs commencent à imaginer des modes d’entretien plus adaptés.
Une fois le talent recruté, les managers, informés, doivent être plus attentifs à ses points bloquants - comme l’orthographe -, et lui accorder plus de temps à la relecture et à la compréhension. Ils doivent également favoriser une approche laissant place à la créativité dont aura fait preuve le salarié dans son processus d’adaptation.

 

Idée reçue 4 - Une personne dyslexique compense ses difficultés en développant d’autres qualités professionnelles

 

VRAI

Comme le montre l’étude « La pensée dyslexique », résumer la dyslexie à un trouble de l’apprentissage serait réducteur. En effet, il faut aussi y voir une autre façon de penser et d’envisager le monde. En ayant appris très tôt à compenser leur handicap, les personnes dyslexiques ont développé d’autres compétences et qualités de plus en plus prisées des entreprises : créativité, prise de décision rapide, résilience ou encore prise d’initiative.

Ces soft skills découlent de leur besoin de constamment s’adapter, de regarder les choses sous un autre angle pour les comprendre, de créer des langages ou modes d’organisation non conventionnels, et ce depuis l’enfance. Autant de compétences qui apparaissaient dans le Top 5 des attentes de recruteurs en 2020.

 

Idée reçue 5 - Miser sur le recrutement de profils dyslexiques, c’est renforcer votre entreprise d’ici 2025

 

VRAI

La sortie de pandémie apporte son lot de bonnes nouvelles, avec un taux de chômage au plus bas depuis une décennie, à 7,6%. Une belle surprise impliquant une accentuation de la pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs déjà très en demande : 7 employeurs sur 10 dans le monde font face à̀ des difficultés de recrutement. Preuve en est qu’il est grand temps de repenser le recrutement, comme l’explique Audrey BARLET, Program Manager RPO - Recruitment Process Outsourcing - Talent Solutions : "Pour avoir passé plus de 15 ans à m’efforcer de recruter des professionnels dans un contexte de pénurie de talents, je suis bien placée pour savoir qu’il existe un vivier [mondial] de talents de 700 millions de femmes et hommes qui, à ce jour, n’a jamais été exploité comme il se doit. Les employeurs doivent revoir leur position vis-à-vis de la dyslexie."

Les personnes dyslexiques représentent une force vive dont les compétences ne seront pas impactées par l’automatisation des processus et la digitalisation du travail, bien au contraire. En effet, les tâches qui leur donnent généralement le plus de fil à retordre, comme l’écriture ou la mémorisation d’informations, seront de plus en plus souvent confiées à des machines. À l’inverse, les soft skills (capacités de réflexion, créativité, ingéniosité, etc.), si convoitées par les entreprises, sont précisément un de leurs points forts.

 

Les profils dyslexiques peuvent être de précieux atouts en entreprises. Leur singularité en fait leur force. Pourtant, parmi les actifs dyslexiques interrogés dans le cadre de l’enquête, trois sur quatre (75 %) estiment que les processus classiques de recrutement les défavorisent. Talent Solutions travaille à résoudre ce paradoxe pour amener les recruteurs à revoir leurs procédés. En utilisant par exemple la gamification et/ou en misant sur des processus d’évaluation plus courts, afin d’identifier les capacités des candidats et d’éviter l’écueil des biais cognitifs.

Car, comme le rappelle Emmanuelle Charrier, Directrice Consulting & Talent Management - Talent Solutions : "La guerre des talents fait rage aujourd’hui partout dans le monde. Or, il existe un vaste vivier qui pourrait contribuer à pourvoir à ces besoins. Le recrutement de personnes dyslexiques peut contribuer à atténuer ce phénomène de pénurie de talents, a fortiori au sortir de la pandémie de Covid."

 

Notre étude est disponible au téléchargement en cliquant sur l'image :

 

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