Source | Extrait de la Tribune de Dominique Brard diffusée sur LinkedIn le 04.01.21
L’employabilité à vie des salariés est notre fer de lance et 2020 nous aura donné bien du fil à retordre. Si les entreprises et le Gouvernement redoublent d’efforts pour accompagner les plus jeunes à s’insérer sur le marché du travail, nous n’en oublions pas pour autant les seniors.
Nous l’avons bien vu avec le Covid-19 : chaque génération a été accusée tour à tour d’être responsable de la situation, et le virus a tendance à nous opposer les uns aux autres. Or, en entreprise aussi, nous devons veiller à ne pas créer de conflit de générations et à protéger le collectif.
Depuis quelques mois, les entreprises composent avec un contexte incertain et une urgence à maintenir leur activité malgré la crise. Leurs stratégies business et RH s’en retrouvent fortement impactées : la Dares estime qu’il y a eu trois fois plus de ruptures de contrats de travail en 2020 que l’année précédente, et ce n'est pas fini. Dans cette recherche de rééquilibrage, les seniors semblent malheureusement être en première ligne, et être la variable d’ajustement. C’est ce que l’on appelle la gestion des effectifs par l’âge, thématique que nous avons abordée lors des dernières rencontres RH organisées par Le Monde. Bien sûr, pour certains seniors, cela représente une opportunité de partir pour une retraite anticipée méritée ! Mais ce n’est pas le cas de tous et les entreprises ont par ailleurs beaucoup à y perdre.
En effet, à ceux qui souhaitent « laisser toute la place aux jeunes », j’aimerais répondre que la situation est plus complexe. A chaque âge son lot d’avantages et d’inconvénients, et si les plus jeunes représentent l’avenir de l’entreprise à faible coût, leur manque d’expérience terrain impose un temps de formation et d’adaptation. Les seniors, quant à eux, sont jugés trop chers, moins flexibles, moins à l’aise avec le numérique, mais possèdent assurément une expérience précieuse à partager.
On parle beaucoup de la notion d’organisation apprenante comme voie de sortie de crise. Les entreprises apprenantes sont en effet valorisées pour leur capacité à rester flexibles, créatives et donc fortement résilientes et compétitives. On réduit trop souvent le concept à une entreprise qui favorise l’apprentissage de ses salariés, via du e-learning et des formations par exemple. L’entreprise apprenante représente plus que ça : c‘est une organisation qui apprend par elle-même et s’adapte, qui permet “à chacun d’apprendre, mais comme un tout en mouvement permanent qui évolue pour toujours rester adapté à son environnement”. En cela, le lien entre les générations, l’apprentissage par le travail d’équipe, l’importance des managers seniors pour maintenir le collectif dans une période de travail à distance, sont prioritaires. Nous devons faire le pont entre les générations pour renforcer les savoirs, la transmission, la flexibilité autant que nos valeurs.
J’y crois d’autant plus en cette période difficile. C’est à travers leur caractère intergénérationnel que les entreprises pourront surmonter la crise.
Dominique Brard,
Directeur Général Talent Solutions France
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